Homélie du 31ème dimanche tu temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 28 octobre 2017
“Dieu avant tout…”
Textes bibliques : Lire
Dans la première lecture et dans l’Évangile de ce jour, chacun en prend pour son grade, les prêtres, le peuple, les scribes et les pharisiens. Le prophète Malachie reproche aux prêtres de son temps de “pervertir l’alliance”. Ils ont pour fonction de se consacrer à Dieu et de chercher sa gloire. Ils doivent enseigner la loi qui leur a été confiée par Moïse. Or voilà qu’au lieu de penser à la gloire de Dieu, ils ne font que rechercher leur seul intérêt. Mais en leur montrant leur péché, le prophète les appelle à la conversion. Il leur rappelle que Dieu est un Père qui aime chacun de ses enfants.
Ce rappel à l’ordre s’adresse aussi à nous tous, prêtres et laïcs. À travers ces paroles du prophète, c’est Dieu qui nous parle aujourd’hui. Il nous invite à accueillir son amour et à nous laisser transformer par lui. Ce qui est premier, c’est précisément cet amour de Dieu pour chacun de nous. Quand nous nous en sommes écartés, il ne cesse de nous appeler à revenir vers lui de tout notre cœur. Son amour va jusqu’au pardon. Quels que soient nos torts, il n’a jamais cessé de nous aimer. Il ne veut que notre bonheur. Nous sommes donc invités à recentrer notre vie sur Dieu et à retrouver son amour.
Dans l’Évangile, Jésus nous montre les pièges de l’autorité. S’adressant à la foule, il dénonce les comportements des scribes et des pharisiens. Mais ce qu’il dit pour eux vaut aussi pour chacun de nous. Qu’il s’agisse des autorités religieuses, politiques ou parentales, ces pièges sont les mêmes.
Premier piège : “Ils disent et ne font pas”. Nous reconnaissons tous le décalage entre nos belles paroles et notre vie de tous les jours. Il est important que chacun pratique ce qu’il enseigne. Un jour, Jésus a dit : “Il ne suffit pas de dire seigneur, Seigneur pour entrer dans le Royaume des cieux, il faut faire la volonté de mon Père.” Nous sommes envoyés pour annoncer l’Évangile du Christ, mais il importe que toute notre vie soit ajustée à cette Parole.
Deuxième piège : pratiquer l’autorité comme une domination et non comme un service. Jésus reproche aux scribes et aux pharisiens de lier “des fardeaux pesants” et d’en charger les épaules des gens ; mais eux-mêmes “ne veulent pas les remuer du doigt”. Ils ont l’avoir, le savoir et le pouvoir. Cela pourrait être un merveilleux moyen de servir les autres. Au lieu de cela, ils ne pensent qu’à dominer.
Troisième piège : vouloir paraître : “Ils agissent toujours pour être remarqués des hommes”. Nous connaissons tous cette tentation d’aimer paraître, de rechercher la considération et l’intérêt. Dans le sermon sur la montagne, Jésus nous recommande de n’agir que par amour pour Dieu et par amour pour nos frères sans chercher les louanges des hommes.
Quatrième piège : se croire important, avoir le goût des honneurs. “Ils aiment les places d’honneur dans les repas, les premiers rangs dans les synagogues, ils aiment recevoir le titre de Rabbi (Maître). L’orgueil vient les détourner de Dieu et des autres. Jésus vient leur rappeler la valeur de l’humilité. Les titres et les honneurs ne sont pas mauvais en eux-mêmes. Mais le fait de les porter implique une responsabilité, un témoignage à donner, une mission à accomplir. On ne se grandit qu’en se mettant au service des autres. Cet humble service nous grandit aux yeux de Dieu comme au regard de nos frères.
Dans la seconde lecture, l’apôtre Paul nous donne un merveilleux exemple d’une attitude authentiquement chrétienne et authentiquement apostolique. Plutôt que de se présenter comme apôtre du Christ et d’insister sur l’autorité qui lui vient de Dieu, il adresse aux chrétien un message plein de douceur et d’humilité. Il manifeste envers tous un amour plein d’affection. Sa générosité est extrême. Elle ira jusqu’à offrir sa vie pour les chrétiens. L’attitude de Paul correspond à ce que nous recommande l’Évangile de ce jour. Elle s’inspire de l’amour qui vient de Dieu.
En ce dimanche, les textes bibliques nous provoquent à une véritable remise en question. Le Seigneur nous appelle à revenir vers lui et à nous ajuster à son amour. Il est notre compagnon de route et il chemine avec nous. En célébrant cette Eucharistie, nous le remercions de remettre en l’endroit ce qui était à l’envers dans nos vies.
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Sources : L’intelligence des Écritures (Marie Noëlle Thabut) – Lectures bibliques des dimanches (Albert Vahoye) – C’est dimanche (Emmanuel Oré)
La liturgie nous révèle aujourd’hui que nous sommes évangile ouvert pour les autres. En effet, le monde nous observe et attend de nous l’unité de notre être et paraitre. Pour répondre à cette vocation, il est important d’avoir les yeux sur notre Modèle qu’est le Christ. Contrairement aux prêtres dans la première lecture, il est resté fidèle et obéissant à son Père jusqu’au bout. Contrairement aux pharisiens et scribe, il est resté humble et doux en faisant ce qu’il nous recommande, ce qui plaît au Père. c’est pourquoi Dieu l’a élevé et lui a donné un nom qui est au dessus de tous les autres noms. l’humilité devient donc la voie royale de la gloire que Dieu donne. Les glorioles de ce monde sont terrestres et biodégradables. Merci au Dieu amour qui nous élève jusque dans sa gloire quand nous laissons sa parole faire son oeuvre en nous.
Bonjour Abbé Jean Compazieu,
J’ai lu votre homélie. J’avais envie, en guise de commentaire, d’y poster un témoignage que j’ai laissé aujourd’hui sur mon site internet “Histoire d’une foi” dont la vocation est l’évangélisation dans l’aujourd’hui de nos vies. Si cela vous incommode, vous pourrez toujours supprimer le commentaire. Le voici :
C’était aussi un 31ème dimanche du temps ordinaire, avec les mêmes lectures liturgiques qu’aujourd’hui. C’était, je crois, il y a dix-huit ans.
J’étais à la messe avec mon papa, et mon mari encore à cette époque, dans mon village natal. Le prêtre, vieillissant, était un ami de longue date. Son homélie fut poignante. Il exprima soudain une grande souffrance intérieure. Je me souviens de ses mots : « C’est un appel au secours que je vous lance ! » Etant à cette époque dans la même disposition intérieure que lui, j’en avais été bouleversée.
Nous sommes sortis de l’église, la messe était finie. Mon père formule le vœu de nous diriger vers le cimetière. Je lui réponds aussitôt : « Mais papa, ce ne sont pas les morts qu’il faut aller voir, mais René qui ne va pas bien ! »
Et mon mari et moi sommes allés au presbytère où nous avons rejoint notre ami prêtre, celui-là même qui avait apaisé le conflit dans notre famille quand nous avions décidé, après très mûre réflexion, neuf ans plus tôt, de ne nous marier qu’à la mairie.
Nous nous enquérons de sa santé, de son moral, du pourquoi de son appel à l’aide. Il change aussitôt de sujet : « Et vous, comment allez-vous ? Et les enfants ? » Et la conversation glisse vers notre situation à nous. Il va nous chauffer un café dans une petite casserole, non sans mal car son logis est un fouillis indescriptible. « Vous voyez comment je vis, ce n’est même plus digne d’un être humain ». Partie de la réponse à notre question précédente…
La lecture du Livre de Malachie m’a profondément secouée, en particulier ce passage :
Maintenant, prêtres, à vous cet avertissement :
Si vous n’écoutez pas,
si vous ne prenez pas à cœur de glorifier mon nom
– dit le Seigneur de l’univers –,
j’enverrai sur vous la malédiction,
je maudirai les bénédictions que vous prononcerez.
Je suis au bord des larmes. Pas besoin d’entrer dans mille détails avec René, il sait que mon oncle prêtre se montre très indigne de son sacerdoce, depuis longtemps, parce qu’il passe son temps à « dire », et méchamment, et à ne rien « faire » de tel. Je supplie René de m’éclairer :
« Il a baptisé nos enfants, tu crois que ce baptême n’est pas valide, qu’au lieu d’être une bénédiction, c’est une malédiction ? »
René sourit et me rassure par la force de sa foi. Si, ces baptêmes sont valides, je n’ai pas à m’en inquiéter ! Il me fait creuser encore un peu mon malaise, en bon serviteur du Christ qu’il est. Voilà que la situation s’est totalement inversée. Nous venions pour le réconforter, et c’est lui qui nous réconforte !
Il nous donne ses petites recettes pour ne pas faillir dans la foi : « Je lis tous les jours des paroles de la petite Thérèse, ça me soutient. Et puis l’eucharistie me nourrit profondément. Et tant que je demeure en communion avec mon évêque, je me sens appartenir à l’Eglise. »
Ces mots-là, je crois que je les ai gardés profondément en moi, malgré les errances des deux années suivantes.
René était ainsi. Le prochain passait toujours avant lui-même. Et l’Evangile vécu avant tout le reste. Il n’était pas très apprécié dans sa paroisse, parce que ses homélies avaient le feu de l’engagement social.
Aujourd’hui, à relire ces textes liturgiques, je repense très fort à lui. Je l’avais revu dans sa maison de retraite, où il servait encore, bien que perdant un peu la mémoire.
René a toujours été un ami.
Il est parti il y a presque deux ans. Nul doute qu’il goûte à présent pleinement la présence de son Seigneur, et les traits d’esprit de la petite Thérèse…
Merci Véronique pour ce message. S’ils sont en attente de modération, c’est à cause des nombreux spams qui ne cherchent qu’à polluer nos sites. Mais un témoignage comme le vôtre ne peut que nous aider. Encore merci. Et quand vous le souhaitez, n’hésitez pas à ajouter d’autres commentaires
Merci beaucoup pour votre accueil, abbé Jean ! Bonne semaine à vous !